Cet été, l’Épatant est parti se rafraîchir les lettrines dans le grand bain du festival de Cannes, a piqué une tête lumineuse à coup d’une programmation éclectique qui n’a pas manqué d’intriguer notre équipe tapie dans les salles noires. On se penche vers Meek’s cutoff, (2010) de Kelly Reichardt.
Dans ce long-métrage à la composition soignée, la poésie des paysages américains renforce la fresque intérieure des personnages. Sur un fond d’exode rural dans les années 1840, des colons dont le destin est entre les mains d’un trappeur aigri sont confrontés à l’altérité indienne. Les déchirements encombrent la route, tandis que la roulotte, inlassablement, continue d’avancer. Confiance, peur de l’autre, courage, vulnérabilité et silence font de ce film une ode à la sagesse, dans laquelle les figures féminines trouvent un chemin pour exprimer une voix que les hommes peinent à entendre. Un pari réussi pour la réalisatrice américaine.
Auriane Martino