La Fête des Voisins, également connue sous le nom de « Immeubles en fête », est un événement annuel qui célèbre la convivialité et les liens sociaux au sein des communautés d’immeubles ou de quartiers. Cet événement est l’occasion pour les voisins de se rencontrer, d’échanger et de renforcer leurs relations de voisinage. Mais d’où vient cette tradition et comment a-t-elle évolué au fil des années ? Plongée dans l’histoire fascinante de la fête des voisins crée en 1997 par Atanase Perifan et qui rassemble aujourd’hui plus de 40 millions de personnes tous les ans en Europe et dans le monde !
TOUT COMMENCE AU BAS D’UNE CAGE D’ESCALIER !
L’idée de la fête des voisins trouve ses racines dans la France de la fin du siècle dernier. Elle a été créée par Atanase Périfan. Frappé par un faits divers de quartier, la mort d’une personne âgée dont personne ne s’était rendu compte pendant des semaines, ce jeune élu du XVIIe arrondissement de Paris décide d’organiser au pied de son immeuble une sorte d’apéritif convivial pour que ces voisins qui s’ignorent se découvrent et se rencontrent. Devant le succès, il va recommencer en 1998 puis l’étendre à tout le XVIIᵉ arrondissement en 1999. Le concept va rencontrer un succès aussi phénoménal qu’inattendu et célèbre maintenant un quart de siècle de belles rencontres.
COMME UNE TRAINÉE DE POUDRE !
En 2002, lorsque je rencontre Atanase Perifan, je suis emporté par l’enthousiasme d’une opération déjà devenue nationale. Je propose à un de mes clients (SFR) de sponsoriser une édition. Je me souviens avoir alors naïvement organisé une fête des voisins dans ma résidence à Puteaux en région Parisienne où vivent près de 3000 personnes. Je m’étais rendu compte que je ne connaissais personne et que les gens se disaient à peine bonjour dans les ascenseurs, malgré le temps passé ensemble (j’habite au 26ᵉ étage, ça laisse du temps avec les arrêts). Mal m’en a pris, je me suis retrouvé à la tête d’une véritable organisation avec deux mois de travail quasi plein-temps parce que j’ai voulu faire ça en grand avec un orchestre fanfare de vingt-six musiciens proposé par un des résidents. Résultat six-cents personnes le jour de la fête, visite de la Maire. Un méga succès ! Mais j’ai fait le mort les années suivantes ! Pourtant, l’événement a continué et est devenu un moment fort de l’année dans la résidence. L’événement s’est dès l’année suivante diffusée dans toute la ville de Puteaux, devenant une véritable institution.
Depuis le début du siècle donc, chaque année, des millions de personnes à travers le pays et au-delà se réunissent le dernier vendredi de mai pour célébrer un voisinage convivial, à l’extrême opposé des réunions de copropriété ou chacun regarde l’autre avec méfiance ! Un changement de perspective puisque le voisin devient une curiosité à apprivoiser et une source potentielle de solidarité de proximité. Selon l’association Voisins Solidaires qui pilote l’opération, 83 % des Français connaissent la fête des voisins, 30 % auraient déjà participé au moins une fois et 15 % des Français y participent de façon régulière, soit environ 10 millions de personnes.
CONVIVIALITÉ ET SPONTANÉITÉ
S’il a rencontré autant de succès, c’est que l’idée est avant tout simple et parfaitement délocalisée. Chacun peut se l’approprier et organiser une fête des voisins sans grand moyen puisque le principe, c’est que chacun participe, descend une bouteille, des gâteaux, n’importe quel accessoire ou ingrédient de convivialité au pied d’un immeuble, sur une terrasse, dans un jardin.
C’est bien plus qu’une simple occasion de se détendre et de se divertir. La fête des voisins a un impact significatif sur le tissu social des communautés. En encourageant les échanges entre les voisins, cette fête permet de tisser des liens de confiance, de solidarité et de bon voisinage.
La fête des voisins a un impact significatif sur le tissu social des communautés. Cela remet du village dans la tour !
Elle favorise la communication et la coopération, peut ainsi contribuer à créer un environnement où chacun se sent intégré et soutenu dans sa communauté. Elle permet aussi de tisser les liens de coopération ou des échanges de services de proximité. D’identifier le voisin, médecin, informaticien, bricoleur, etc… Cela remet du village dans la tour !
BIENTÔT 25 ANS, VERS LA MATURITÉ
Au fil des années, la fête des voisins a connu diverses évolutions. Si à ses débuts, elle se limitait principalement à des rassemblements dans les immeubles, elle a progressivement pris de l’ampleur, s’adaptant aux besoins et aux spécificités des différentes communautés. Aujourd’hui, on peut trouver des fêtes des voisins dans des quartiers résidentiels, des lotissements, des résidences de retraite et même des espaces de coworking.
Dans certains cas, la fête des voisins est également utilisée comme un moyen de sensibilisation à des enjeux sociaux et environnementaux. Par exemple, des actions de solidarité, de recyclage ou de développement durable peuvent être organisées en parallèle des festivités.
La fête des voisins a aussi commencé à pénétrer le milieu des entreprises et à créer de nouvelles occasions de tisser du lien social, comme cette opération montée il y a quelques années avec la SNCF pour créer du lien entre voisins dans les TGV.
DE LA FÊTE DES VOISINS À L’HEURE CIVIQUE
Mais derrière la solidarité, ce qui motive surtout Atanase Périfan, ce sont les réseaux de solidarité qui se construisent. Peut-être pas assez spontanément à son goût. Peu d’événement sont orientés vers la création de lien social, constate-t-il.
Pour son association « Voisins Solidaires », les solidarités devraient reposer sur trois fondamentaux : La famille, les institutions (Mairies, Conseils Départementaux, Associations…), le voisinage. En mixant les deux dernières et en les faisant travailler en synergie, l’association a eu l’idée de l’heure civique. Un effort léger d’une heure par mois dédié à la communauté, à la mairie, à un voisin en galère !
« C’est un effort que nous sommes tous capables de faire » insiste le fondateur.
Les Conseils Départementaux ont besoin de ce renfort pour appuyer les politiques publiques qui ne peuvent reposer que sur le pouvoir d’achat et les actions des collectivités publiques. Les Mairies sont eux bien placées pour identifier les problématiques de l’environnement d’un quartier ou d’un village.
LA STRATÉGIE DES PETITS PAS
Pour atteindre ses objectifs, Atanase Périfan a mis au point une stratégie s’appuyant donc sur les Conseils Départementaux relayés par les Mairies. Ce sont les deux acteurs qui m’ont paru les plus pertinents, explique-t-il. Les Conseils Généraux parce que c’est leur mission. Ils gèrent le social dans leur département et disposent quand même d’un certain nombre de moyens. Les maires, car ils sont l’échelon indispensable à la mise en place d’une relation d’entraide. Ils lèvent deux freins majeurs. Celui de la sécurité quand on met en contact des bénévoles avec des personnes fragiles. La Mairie voit chaque volontaire. Quand on a affaire à des personnes fragiles, on envoie deux volontaires. Ils identifient aussi la pertinence des besoins, vérifient par exemple que cela ne vient pas concurrencer l’écosystème local d’artisanat.
Quatre départements test se sont engagés dans le processus : le Finistère, la Mayenne, la Vendée et la Charente-Maritime. Dans chaque département, ce sont plus de 20.000 km parcouru par Atanase Périfan pour mobiliser les mairies, les bénévoles et les élus départementaux. Il avoue être émerveillé par l’engagement et la résilience de ces élus locaux qui sont très réceptifs à ces gens qui viennent les aider pour apporter des solutions concrètes aux problèmes que vivent leurs administrés.
AIDER POUR ÊTRE HEUREUX
Car si l’entraide est fortement créatrice de lien social, Atanase Périfan est persuadé qu’elle rend heureux et que les ressources en générosité sont phénoménales. Tout le monde est gagnant ! Il s’appuie sur de nombreuses études sur le sujet, mais aussi sur les milliers de rencontres qu’il fait sur le terrain.
Les Maires y trouvent enfin un levier d’action positif qui rend leur action utile et qui construit des perspectives pour la communauté. Notre arrivée a pour eux un effet quasiment thérapeutique, explique-t-il. Ils constatent au quotidien l’affaiblissement du lien social avec parfois des situations d’urgence sans avoir les moyens de réagir. Cela génère des tensions qui vont parfois jusqu’à la violence comme l’ont révélé certains faits divers récents.
Les bénéficiaires sont bien sûr contents, mais les bénévoles aussi. Ce sentiment d’utilité est un des points fort de notre action. Il y a une attente qui irrigue notamment les villages et les toutes petites villes. C’est un peu plus difficile dans les grandes villes où les Mairies ont des structures et des effectifs salariés pour gérer l’isolement et la solidarité.
Il y a aussi peut-être une dimension morale qui rentre en compte. Dans une société ou les solidarités familiales et intergénérationnelles se distendent, aider un jeune ou une personne âgée, c’est aussi se dire que peut être quelqu’un d’autre le fait dans la ville ou le quartier de ses parents ou de ses petits – enfants.
Enfin ce sentiment d’utilité est une attente qui se diffuse au-delà des lieux de vie. Il pénètre par exemple le monde de l’entreprise. Les gens ont besoin de comprendre l’utilité qu’ils ont dans leur travail et l’utilité de l’entreprise pour laquelle ils travaillent.
FAIRE RENTRER CES « MARQUES » DANS LA CULTURE POPULAIRE
Après 25 ans de combat, Atanase Périfan rayonne toujours d’une énergie débordante et mobilisatrice. C’est stupéfiant quand on le connait depuis longtemps. Il aurait peut-être pu être député ou Ministre mais il a toujours privilégié la liberté de son action associative.
Il s’enthousiasme sur les milliers de rencontres positives de gens épatants rencontrés presque quotidiennement et dit « n’avoir jamais été aussi heureux qu’aujourd’hui ».
La Fête des voisins est presque rentrée dans notre vocabulaire et notre culture populaire. Une sorte de fête des mères pour célébrer cet inconnu de l’ascenseur qui devient enfin un acteur de notre vie. On dit qu’on ne choisit pas sa famille … Ses voisins non plus ! Autant construire avec eux une belle relation.
Le nouveau combat d’Atanase Perifan est de nous refaire le coup avec l’heure civique ! Dans 10 ans il veut que 10 millions de personnes dans ce pays donnent une heure par moi de leur temps pour de la solidarité de proximité. Cela fait 120 millions d’heures au service du Bonheur National Brut. Peut-on s’en passer ?
Arthur ATLAS
Participer à la fête des voisins, organiser une opération, récupérer des kits : www.lafetedesvoisins.fr
Participer à l’Heure Civique : lheurecivique.fr
Association Voisins Solidaires : 32, rue Rennequin 75017 PARIS
Téléphone : 01 42 12 72 72