Mohammed Errafi est créateur et président de Gravipack, le sac à dos révolutionnaire qui soulage les épaules et préserve le dos. Après avoir passé plusieurs années dans la rue, il sort de la précarité en inventant un système révolutionnaire…
Ce matin de septembre 2021, Mohammed Errafi nous reçoit chez lui dans son bel appartement à Noisy-le-Grand, dans l’Est parisien. Il ne s’éternise pas dans les explications et nous invite immédiatement à essayer son invention : le sac-à-dos hyper-léger, Gravipack. Nous n’avons pas besoin de plus de quelques secondes pour comprendre : effectivement, malgré le contenu, nous portons presque sur nos épaules une sensation de vide. C’est l’objectif même du sac Gravipack : soulager les cervicales, les épaules et préserver le dos. Depuis juin 2021, la société a déjà vendu plus de 7.000 sacs à dos en France. Un succès. Mais derrière celui-ci se cache une histoire personnelle, émouvante, tragique (à certains endroits), mais surtout … inspirante.
L’homme d’affaires franco-marocain est autiste Asperger et se trouve souvent en marge de la société. Il quitte l’école à l’âge de treize ans. “Non pas parce que je ne voulais pas y rester, mais parce que l’école ne s’est pas adaptée à moi”, regrette-il. Le handicap de son troisième fils né aveugle le mène à parcourir toute la France à la recherche de spécialistes afin de permettre à son enfant de trouver sa vue. “Je voyageais partout en France pour rencontrer des neurochirurgiens et des ophtalmologues. Je voulais trouver une solution à la cécité de mon fils”, raconte l’entrepreneur. Pour cela, il a laissé tomber et sa vie personnelle et professionnelle. Ayant tout abandonné, Mohammed devient SDF. “J’avais un sac à dos et dans celui-ci il y avait tous mes documents administratifs et mes vêtements. Arrivé à un moment j’avais mal aux épaules, je ne pouvais plus le porter. Et je voulais trouver une solution”.
Une idée novatrice
Il finit par trouver une solution qui ne soulagera pas que ses épaules et son dos mais changera sa vie. Diplômé d’un CAP en métallerie, un autre dans la résistance des matériaux et un dernier dans la ferronnerie d’art, Mohammed va mettre à profit ses compétences. “Un jour, je suis allé dans un magasin de bricolage et j’ai acheté une grande tige en métal. Je l’ai coupée en deux. Je les ai travaillées soigneusement ensuite je les ai introduites dans les bretelles de mon sac à dos”, nous explique-t-il. “Lorsque j’ai remis le sac sur mes épaules, je ne ressentais plus le même poids. Il était soudain devenu très léger. J’avais même l’impression qu’il était vide”, se souvient-il. Nous sommes en 2013.
Le premier brevet
Mohammed Errafi parle rapidement de son projet à ses amis qui testent le sac à dos. Ils tombent tous sous le charme de son innovation. En 2016, il s’adresse à un conseiller en propriété intellectuelle et un avocat afin de leur présenter l’objet. Ils déposent la même année le premier brevet qui se révèle inventif, créatif, innovant et industriel. En mars 2017, après avoir présenté le dispositif à des responsables de l’armée française, Mohammed reçoit la médaille d’argent du ministre de la Défense et la médaille d’argent de l’innovation des Armées de terre françaises. Malgré ces avancées, ses conditions de vies ne changent pas tellement. Le bout du tunnel est encore loin…
Une rencontre bouleversante
Mohammed finit par être convaincu que son dispositif peut changer sa vie. Mais un énorme obstacle se dresse devant lui : sa situation financière est déplorable et personne ni aucune institution n’ose investir dans son projet. Fin 2018, dans le métro parisien, il fait une rencontre inattendue et bouleversante. “J’ai vu un monsieur qui courait avec deux grosses valises et un sac à dos. Il s’apprêtait à louper le métro. J’ai bloqué la porte d’entrée avec mes mains, il est entré et m’a remercié”.
Dans le wagon, il se présente à l’inconnu et lui dit avoir inventé un sac à dos en apesanteur. “Quand je lui ai dit ça, il s’est mis à rire comme si je délirais”. Face à la réaction de son interlocuteur, Mohammed lui montre son sac à dos et lui demande de le tester. “Quand il l’a mis sur son dos, j’ai tout de suite vu la surprise sur son visage. Il l’a déposé puis l’a repris et m’a demandé : c’est quoi ce truc ?”. S’engage alors entre les deux hommes une conversation sur le dispositif et durant laquelle Mohammed apprend qu’il avait en face de lui Bakary Sagna, footballeur international français. Impressionné par le dispositif, l’ex joueur d’Arsenal prend la décision d’investir dans le projet. “On a signé nos premiers contrats en mars 2019, avant que d’autres investisseurs nous rejoignent”.
Gravipack a déjà déposé sept brevets internationaux afin de protéger la marque contre toute contrefaçon. Ses sacs à dos sont vendus partout dans le monde, en Allemagne, aux Etats-Unis, au Japon,… Fin 2022, l’entreprise compte vendre plus de 600 000 sacs.