Cheffe emblématique aux États-Unis et triplement étoilée, Dominique Crenn revient sur ses terres natales pour un double projet à la fois ambitieux et intime. Nouveau membre du jury de Top Chef, elle ouvre également le Golden Poppy, une table parisienne et une ode à cette Californie gourmande et spontanée qui est devenue son foyer. Rencontre…
Cheffe, votre arrivée dans le jury de Top chef est très attendue par les aficionados. Mais qu’attendez-vous en retour de cette nouvelle expérience ?
C’est un tel honneur de participer à cette émission emblématique. En toute humilité, je me sens reconnaissante de travailler à coacher la nouvelle génération, les aider à se trouver eux-mêmes et être inspirés par ce qu’ils apporteront au show.
Transmettre son savoir dans une brigade et dans son propre restaurant est-il radicalement différent du rôle de coach sur l’émission ?
En tant que coach et jury, il est important d’écouter les candidats, de comprendre qui ils sont et de partager avec eux notre expérience, sans pour autant leur enlever leur singularité, leurs capacités et leur vision. On ne doit pas imposer son savoir-faire, mais susciter chez eux la curiosité d’apprendre et de regarder la gastronomie différemment.
Votre cuisine est marquée par l’amour du végétal et la défense du circuit court. Comment appliquer une telle démarche en France et aux États-Unis ?
L’alimentation est un mouvement, une émotion, un but et un acte d’activisme : comprendre notre vérité dans ce monde et s’assurer que notre vision et notre travail célèbrent et protègent notre environnement. Nous faisons partie de la nature, nous avons besoin de communier avec elle au quotidien. Nous avons oublié ce lien.
Vous incarnez, tout comme d’autres grandes cheffes, la cuisine portée et défendue par des femmes. Mais comment se présente la situation réelle des femmes dans le métier ?
La vie est un voyage de prise de conscience continue de ce qui est juste, en particulier pour les femmes et d’autres groupes. Nous avons encore beaucoup de travail à faire dans ce domaine. Nous devons collectivement changer notre discours pour apporter l’équité et l’opportunité dans le monde de la gastronomie. Les médias doivent également participer à ce changement, la représentation est essentielle, c’est ainsi que nous évoluons en tant qu’êtres humains.
Quelle a été la rencontre déterminante qui vous a fait basculer dans le métier ?
C’est ma rencontre avec le chef Jeremiah Tower, un homme de vision, de réflexion et de créativité. Un homme plein d’humanité.
Vous marquez votre retour en France avec Top Chef et, bien entendu, l’ouverture de Golden Poppy à Paris. Quel message culinaire aimeriez-vous transmettre au public français ?
Il était important de partager mon amour de la Californie, de sa culture et de sa diversité culinaire. La richesse de l’histoire de la Californie. Mon message porte sur l’ouverture d’esprit et la curiosité. Nous ne sommes pas là pour rivaliser avec qui que ce soit. Nous partageons simplement une approche différente. La nourriture, c’est l’amour… Continuons à le répandre.