Une jeune femme a décidé de mettre un terme au fléau des décharges de pneus au Nigéria. Comment ? En donnant une seconde vie et en fabricant de nouveaux objets du quotidien à partir de leur gomme.
Depuis plusieurs décennies, le Nigeria doit faire face au fléau de la pollution. Important en masse des produits défectueux afin de les démanteler, ce grand pays africain doit également traiter les déchets de sa propre population. Et parmi les objets qui s’amoncellent le plus dans ses décharges, le pneu automobile règne en maître. Polluant et favorisant l’apparition de moustiques sur ses lieux de stockages, le pneu est désormais vu comme un problème national. Un problème face auquel une jeune femme a décidé de s’engager. Ifedolapo Runsewe est de cette génération de nigérians bien décidés à faire émerger une nouvelle société. En 2018, elle a voulu lancer une expérimentation qui, très vite, est devenue une entreprise à part entière. Freee Recycle s’est spécialisée dans la prise en charge et la revalorisation des matières premières issues du traitement des pneumatiques.
UN SYSTÈME SIMPLE
Les chiffres continuent de grimper année après année. Et après six ans d’exploitation, la jeune femme et ses équipes dressent un bilan plus qu’élogieux du projet. Son initiative permet d’ores et déjà de traiter plus de 100 000 pneus par an. Une quantité de matière prise en charge par plusieurs milliers d’employés recrutés par l’entreprise. Le système est très simple. L’entreprise recrute des collecteurs de rue pour aller chercher les pneus usagés directement dans les décharges. Les collecteurs sont d’ailleurs rémunérés de 70 à 100 nairas (0,17 à 0,24 $) par pièce trouvée. Les pneus sont ensuite broyés pour constituer une matière première simple qui sera mélangée à un liant. Ce qui permettra de fabriquer de nouveaux objets comme des matelas, des revêtements de sol et des tapis de souris.
PRÉPARER L’AVENIR
Lorsqu’on lui demande ce qui l’a poussée à se lancer il y a quelques années, Ifedolapo évoque les montagnes noires qui jaillissent littéralement des faubourgs des grandes villes. Ces montagnes de pneus qui génèrent pollution et nuisances de toutes sortes. « Créer quelque chose de nouveau à partir de quelque chose qui autrement se trouverait quelque part comme déchet faisait partie de la motivation », explique Ifedolapo Runsewe, dans une interview accordée à Reuters. Son usine, située dans la ville d’Ibadan au sud-ouest du pays, fabrique donc des objets à partir de ces montagnes de déchets.
EFFET BOULE DE NEIGE
Au-delà des casses et des décharges, ce sont désormais les mécaniciens et leurs usines qui prennent la balle au bond. Les leaders locaux du secteur tels que Freetown motors se réjouissent d’avoir trouvé une nouvelle source de revenus avec le partenariat que lui a proposé Freee Recycle. Une preuve de la nécessité de ce genre d’entreprise : Freetown a commencé ses activités en 2020 avec seulement quatre employés. La croissance a été si rapide que l’effectif est passé à 128 et plus de 100 000 pneus ont été recyclés.
Tobias CLAISER